Un terrain coutumier peut-il servir de garantie dans le cadre de transactions bancaires?
Ismaël DJAMBOU, économiste et banquier, analyse l'impact de l'institution du «Certificat de Possession des Droits Fonciers Coutumiers Administrativement reconnus » (CPDFC) sur l'accès au crédit des entrepreneurs du secteur agricole.
Prospérité News : En tant que banquier, pensez-vous que la circulaire du (MINDCAF) instituant le «Certificat de Possession des Droits Fonciers Coutumiers Administrativement reconnus » (CPDFC) permettra t’elle aux entrepreneurs du secteur rural de bénéficier d’un meilleur accès au crédit bancaire ?
Ismaël DJAMBOU: En effet, de nombreux projets agricoles soumis aux financements bancaires sont souvent adossés sur des sites dont l’identification des propriétaires est incertaine. Dans ces cas là, le banquier exigera davantage de garanties pour se prémunir des risques de défaut de remboursement dus aux conflits fonciers. De ce point de vue, un document de reconnaissance officielle de possession de droits fonciers fussent-ils » coutumiers », ne peut que contribuer à améliorer l’accès au financement bancaire, notamment au niveau des établissements de microfinance.
Prospérité News : Il se trouve également que le titre foncier constitue l’une des garanties les plus utilisées dans le cadre de crédits bancaires au Cameroun. Dans quelle mesure le CPDFC qui ne constitue pas un titre de propriété au plein sens du terme peut-il servir dans le cadre de garanties bancaires ?
Ismaël DJAMBOU: De prime abord, il importe de rappeler et d’insister sur le fait que la banque n’accorde pas de financements par rapport aux garanties présentées, mais plutôt sur la base de la rentabilité projetée des projets qui lui sont soumis. Il n’en demeure pas moins vrai que le titre foncier est très souvent utilisé comme collatéral dans plusieurs types de financements.
Cependant, il faut aujourd’hui questionner la valeur et la validité du titre foncier dans notre pays. Nous observons de nombreuses décisions d’annulation de titres fonciers, documents sensés être inaliénables et irrévocables. Ces rétropédalages ne sont pas de nature à davantage rassurer les financiers quant à la stabilité de ce nouvel instrument. Si le titre foncier qui est le document final et suprême de possession de droit propriété foncière est souvent annulé pour des raisons diverses, qu’adviendra t-il au CPDFC, qui est une reconnaissance un cran en dessous du titre foncier ?Alors nous pensons que le CPDFC détient en lui-même les germes de sa propre notoriété, il est question pour les pouvoirs publics de la lui conférer en le rendant davantage incontestable, inaliénable et même inopposable.
Prospérité News : Quels peuvent être les impacts d’un tel dispositif au plan économique en général ?
Ismaël DJAMBOU: Au plan général, nous espérons que le CPDFC puisse contribuer à la paix sociale en réduisant les conflits et difficultés rencontrés dans la gestion foncière dans notre pays. En effet, il est difficile de valoriser le potentiel économique de la terre dans un environnement conflictogène. Ce instrument juridique en reconnaissant officiellement administrative de la possession des droits fonciers « coutumier » va certainement accroitre le niveau de transactions commerciales.
Au plan de l’analyse pure, on peut faire un point succinct de quelques approches théoriques. Pour les économistes classiques depuis Adam Smith, la terre est un facteur réel de développement à l’instar de Franck Dominique Vivien (2009) » avoir la terre c’est être capable d’investir ». Pour d’autres qui se rapprochent de l’école Keynésienne tel que Ulrich ZOMBRE (2010), « avoir la terre c’est être crédible auprès des institutions financières ».
En conclusion, on peut dire que le CPDFC, si il est bien mis en œuvre aura un impact favorable sur l’économie ou tout au moins sur la stabilisation de la problématique des titres fonciers dans le processus de crédit.
PAUL BIYA LACHE SAMUEL ETO’O
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Tout a été bien dit
Bonne continuation