Stéphane Tadum, Spécialiste des cryptomonnaie explique les raisons de l’envolée des cours du Bitcoin.

Prospérité News : Nous assistons à une hausse record de la valeur du Bitcoin qui a dépassé la barre des 70 000 US dollars la semaine dernière et qui se situe actuellement autour de 66 000 US dollars. Après  la chute de la valeur des crypto monnaies entrainée par le Bitcoin, qu’est-ce qui explique ce nouvel engouement autour du Bitcoin?

Stéphane Tadum :  La très forte croissance   de  la valeur  du  bitcoin  actuellement observée est  due à deux principaux catalyseurs que sont le *Halving  et  l’autorisation  d’introduction en bourse de Wall Street des ETF Bitcoin par la SEC (Securities  and  Exchange  Commission )   le 11 janvier 2024.  Ces  ETF  Bitcoins  sont  proposés par de puissants fonds d’investissement à l’instar de  BlackRock  qui  gèrent  les  actifs des  grandes multinationales telles que Microsoft, Apple, etc .  Etant  donné  que  le  halving  n’arrivera que dans 35 jours, on peut raisonnablement penser que ce deuxième facteur n’a joué qu’un rôle moindre.

Prospérité News : Au regard de la reconnaissance par la finance internationale du  du bitcoin et partant des cryptomonnaies comme des actifs à parts entières, qu’est ce qui explique sa non acceptation par les institutions financières africaines et notamment celles de la CEMAC?

Stéphane Tadum : C’est une des questions que nous nous posons chaque jour en tant qu’acteurs du secteur des cryptomonnaies,  et nous éprouvons beaucoup de frustrations  à voir les autres en tirer les bénéfices. J’en veux pour preuve le cas du Salvador qui a adopté le bitcoin comme moyen de paiement et qui en retire aujourd’hui d’énormes dividendes en termes de 80 millions de dollars.

Si des géants de la finance mondiale s’investissent dans les cryptomonnaies, on se demande comment l’Afrique peut se permettre d’être à la traîne.

L’histoire de l’humanité est marqué par des révolutions issues d’innovations technologiques qui ont reconfiguré l’économique mondiale à l’instar de l’invention de l’ordinateur, l’arrivée d’internet.  Nous avons la chance d’être la génération qui observe la mutation de la monnaie de sa forme fiduciaire vers les formes numériques avec la technologie de cryptographie.

Prospérité News : Au delà de la bonne santé du bitcoin, comment se porte le secteur des cryptomonnaies pris de façon globale?  

Le marché des cryptomonnaies se porte extrêmement bien.  On  est dans une  phase  de  marché  qu’on  appelle  de  Bull  market. Il faut  reconnaitre  la  domination  du  marché  par  le  Bitcoin qui  représente  49.9% de la capitalisation totale contre 50.1% pour les  autres cryptomonnaies.  Il  est vrai  que le secteur se relève de la période de Bear market  qui  a  vu  la  chute  exponentielle  du  marché  avec de  nombreux é pargnants  et  investisseurs  qui  ont  presque  tout perdu du fait de l’émotivité qui  poussent les gens à acheter lorsque les cours sont haut et à céder à la panique à la moindre correction en revendant  hâtivement à perte. Il est donc nécessaire de bien maitriser les règles du jeu pour trader en toute sécurité.

Il importe de dire ici que la cryptomonnaie est différente des systèmes de fraude pyramidale ou système de Ponzi (MIDA).

Prospérité News : Selon vous, quel intérêt les économies et investisseurs africains peuvent tirer de l’adoption des cryptomonnaies?

Stéphane Tadum : Le bitcoin est aujourd’hui une valeur refuge, un actif comme l’or. Mais c’est dommage de constater la déconnexion de nos pays par rapport à cette nouvelle économie qui offre d’énormes  opportunités. Imaginons un seul instant que 10% des entreprises aient investi 5% de leurs capitaux dans le bitcoin, avec la croissance des taux qu’on a observé depuis 2 ans. C’eût été une manne financière certaine. Pour ceux qui pensent qu’il ne s’agit que de la spéculation, j’aimerais vous dire que la valeur du bitcoin est partie d’un dollar à ces débuts pour valoir ce qu’elle vaut aujourd’hui.

L’Afrique est dans ses conflits politiques et les pays qui les y maintiennent (suivez mon regard) sont en train de mettre en place des structures légales pour faire bénéficier leurs économies de ces technologies.

C’est dommage pour nos entreprises et même notre jeunesse qui est au chômage alors qu’elles auraient pu tirer parti de ces opportunités. Il faut pouvoir en tirer parti  avant que  cette fenêtre ne se referme et c’est en cours car  les états commencent déjà à s’investir dans le domaine avec des cryptomonnaies légales ou des stable coins.

*Le Halving c’est un principe  en vertu duquel  la quantité de Bitcoins produite est réduite de moitié tous les 4 ans, entraînant de façon automatique une hausse de sa valeur du fait de la contraction de l’offre.