PAUL BIYA LACHE SAMUEL ETO’O
En l’espace de quelques semaines, le président de la Fecafoot est passé du statut d’enfant-roi à celui de persona non grata en raison de ses bravades répétées à l’autorité de l’Etat.
Une remise en cause de la gestion de Samuel Eto’o
L’annonce du recrutement de Marc Brys au poste d’Entraineur sélectionneur des Lions Indomptables par le Ministre des Sports et de l’Education Physique (MINSEP) traduit une volonté claire du gouvernement de pousser le président de la FECAFOOT vers la sortie. En effet, la nature et la forme de cette nomination tranche avec le traitement de faveur jadis réservé à Samuel Eto’o fils par les hautes autorités de l’Etat et notamment celle logées à la présidence de la république.
Ce brusque changement d’attitude est très certainement dû à la défiance que le président de la Fecafoot et ses communicants ont osé exprimer après que le Chef de l’Etat ait annoncé une reprise en main du contrôle de l’équipe nationale au regard des lourds sacrifices financiers consentis par l’Etat qui « est donc en droit d’exiger une meilleure organisation et de meilleurs résultats » en précisant que « le Gouvernement et tout particulièrement le Ministère en charge des sports ont reçu des instructions claires sur le sujet ».
Présumé coupable de crime de lèse-majesté
Dans le contexte administratif camerounais, la volonté présidentielle clairement exprimée est sacrée et n’est susceptible d’aucune remise en question par quelque acteur public que ce soit. Aussi les propos tenus par Samuel Eto’o fils au cours d’une interview accordée au média France 24 apparaissent comme un crime de lèse-majesté. Au cours de cet entretien à France 24, Samuel Eto’o fils avait laissé entendre qu’il ne se laisserait pas imposer un entraineur, clamant la compétence exclusive de la Fecafoot en la matière.
» J’ai apporté mon soutien à Son Excellence Monsieur Paul Biya en 2018 pour des raisons qui m’étaient propres. L’élection présidentielle approche, laissez-là arriver et je me prononcerai. »
Il est certain que son propos a certainement heurté la susceptibilité présidentielle en laissant planer l’incertitude sur le soutien qu’il pourrait éventuellement accorder au président Paul Biya lors de futures échéances électorales , avant de renchérir que » La majorité des problèmes que je rencontre, c’est parce qu’on me prête l’intention de devenir Chef d’État au Cameroun. » L’évocation de tels sujets hautement politiques au cours d’une interview qui aurait dû ne se cantonner qu’au football ne saurait être l’effet du hasard au regard du timing, du média choisi, du cadre, de la posture et du ton de l’intéressé. Tout porte à croire que le président de la Fecafoot a voulu rappeler au gouvernement que sa stature et sa popularité internationale devraient lui valoir biens des égards dans le sens de leurs intérêts biens compris.
« Rien de ce qui touche à la politique ne relève du hasard ! Soyons sûrs que tout ce qui se passe en politique a été bel et bien programmé ».~ Franklin Delano Roosevelt
Un choix de personnes potentiellement hostiles
Il apparaît donc que la récente nomination du staff des Lions Indomptables par le MINSEP participe donc de la volonté d’affirmer et d’imposer l’autorité de l’Etat au président de la Fecafoot en l’humiliant au passage. L’analyse de la composition du nouveau staff technique et administratif de l’équipe nationale de football du Cameroun montre que plusieurs des promus entretiennent des rapports conflictuels plus ou moins ouverts avec Samuel Eto’o Fils. C’est notamment le cas de Didier Benjamin BANLOCK, le nouveau coordonnateur des équipes nationales, ex-secrétaire général démissionnaire de la Fecafoot sous Samuel Eto’o, de celui des entraineurs adjoints François Omam-Biyick et Alioum Boukar dont le mandat avait été abusivement rompu sans la moindre indemnisation par le présent exécutif.
Comme on pouvait le craindre, Samuel Eto’o Fils n’a pas tardé à exprimer sa ferme opposition au travers d’un communiqué officiel et d’une correspondance adressée au MINSEP indiquant que la Fecafoot « ne saurait reconnaître ces nominations passées en dehors de tout cadre légal et réglementaire » sans manquer d’évoquer les « règlements supra nationaux » de la FIFA qui sont opposés à toute ingérence de l’Etat dans la gestion des fédérations. Dans sa lettre de réponse, le Ministre des Sports affirme au contraire la légalité de l’acte de nomination du nouveau staff au regard des dispositions de l’article 9 de la convention passée entre le MINSEP et la Fecafoot qui indique effectivement que « les entraîneurs de l’équipe nationale du Cameroun peuvent être mis à disposition par l’Etat du Cameroun. Au-delà de cette querelle juridique et administrative, l’Etat du Cameroun ne saurait engager une telle démarche sans détenir les moyens multiformes de rétorsion par lesquels elle pourrait anéantir juridiquement un acteur contestataire.
Des risques de poursuites judiciaires
Les observateurs avertis de la scène politique camerounaise savent que le président BIYA sait se montrer impitoyable envers tous ceux qui, ayant bénéficié de ses faveurs et privilèges, osent lui tenir tête. Le cas d’IYA Mohammed qui avait persisté à briguer un nouveau mandat à la tête de la Fecafoot contre la volonté présidentielle est assez illustrateur. Il avait alors fait l’objet d’une condamnation judiciaire pour des fautes de gestion commises dans le cadre de ses fonctions de Directeur Général d’une entreprise publique (Sodecoton). C’est dans la même veine que Tombi A Roko, l’un de ses successeurs de IYA Mohammed au fauteuil de président de la Fecafoot avait lui aussi dû renoncer à ses ambitions après quelques interpellations judiciaires finalement abandonnées.
Or il se trouve Samuel Eto’o fils a jusque-là bénéficié de la protection du Chef de l’Etat tant pour son élection et son maintien à la tête de la Fecafoot malgré des motifs d’inéligibilité liées à ses nationalités et sa condamnation judiciaire en Espagne, que pour les actes de gestion contestables qu’il a pu prendre. On peut à cet égard citer le limogeage abusif de l’ancien staff technique, la rupture brutale du contrat avec le coq sportif, le contrat douteux passé avec l’équipementier One All Sports, et les bravades répétées contre sa tutelle entre autres. Plus grave encore, il y a le détournement de 2,7 milliards F CFA qui avaient été avancés à la Fecafoot pour la campagne du mondial Qatar 2024 et qui n’ont toujours pas été remboursés comme préalablement convenu.
La sagesse commanderait au président de la Fecafoot de faire profil bas au regard des différentes procédures pendantes et futures qui s’amoncellent devant lui en se tenant en embuscade pour rebondir le moment opportun. En football comme dans la vie courante, il y a des temps forts et des temps faibles et il faut toujours éviter le geste de trop .
Adolphe Kunde
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