Comment l’affaire Martinez Zogo a fait dégrader la note de souveraine du Cameroun en 2023 et 2024.
En 2023, l’agence de notation Moody’s a rétrogradé le risque de crédit du Cameroun de la catégorie « Très spéculative » à celle de « Risque élevé ». La même note a été reconduite en 2024. Explications.
La dégradation le 27 juillet 2023 de la *note de la dette souveraine du Cameroun de B2 à Caa1 sur le rating de l’agence Moody’s ne peut pas s’expliquer juste par le fait que le Cameroun ait accusé un retard de (1) et cinq (5) jours respectivement pour le règlement de deux (2) traites. On peine à comprendre pourquoi cette note a été ainsi abaissée, alors que le Cameroun avait maintenu sa note B2 obtenue depuis le 5 août 2016 malgré des soubresauts politiques majeurs (crise anglophone, crise post électorale), et des difficultés économiques qui avaient fait admettre le pays au programme de facilité élargie de crédit (FCE) du FMI le 26 juin 2017.
Pour justifier le maintien de la note du Cameroun à Caa1 lors de sa revue du 20 février 2024, l’agence Moody’s a évoqué « les risques de déstabilisation politique suite à l’absence d’un plan crédible de succession présidentielle » pouvant conduire à « une transition chaotique ». Cette funeste perception ne peut que s’expliquer par le retentissement de l’affaire Martinez Zogo, le journaliste sauvagement assassiné en janvier 2023. Cette macabre affaire a mis en lumière une vaste machination dont les ramifications s’étendent aux plus hautes sphères du système politico-sécuritaire camerounais. Ainsi, aux yeux de l’opinion nationale et internationale, l’affaire Martinez ZOGO illustre de la présence de puissants groupes d’intérêts en ordre de bataille sans merci dans la course à la succession du Président Paul BIYA.
L’épilogue judiciaire de l’affaire Martinez Zogo sera un sérieux indicateur de la crédibilité de l’Etat camerounais aux yeux du monde, sous réserve de la mise en œuvre d’un protocole crédible de transition politique.
Adolphe Kunde
*La notation de la dette souveraine d’un pays permet aux investisseurs de mesurer le niveau de risque de défaut d’un emprunteur. Evidemment, les pays ayant un risque de défaut plus élevé seront obligés d’offrir des taux d’intérêts plus élevés à leurs débiteurs. En juillet 2023, le Cameroun est passé de la Note B2 (crédit très spéculatif) à Caa1 (risque élevé).
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